Bien vieillir, par Serge Guérin

Que signifie « bien vieillir » pour vous ?

Bien vieillir pourrait se définir par la capacité à avancer en âge en bonne forme et en acceptant, avec un minimum de recul, les années qui s’ajoutent.
Le bien-vieillir peut se situer dans la veine d’un discours moralisateur, fondé largement sur la crainte des effets culturels, économiques et sociaux d’une seniorisation de la société. Dans cette optique, beaucoup de propositions autour du bien-vieillir reposent sur une culture d’injonctions hygiénistes et normatives.
Mais le bien-vieillir indique aussi les évolutions dans les représentations sociales de l’avancée en âge. S’il est possible de bien vieillir, alors prendre de l’âge n’apparaît plus – ou pas - seulement comme une malédiction, une défaite, un échec. Dans cette optique, l’enjeu est de proposer des solutions, biens et services pour contribuer positivement à ce bien-vieillir, au plaisir de vivre et à la production de liens au sein des générations de seniors mais aussi avec tous les âges.

En tant qu’expert des questions liées au vieillissement, pensez-vous qu’il existe une « recette » pour bien vieillir ?

Comment définir le bien-vieillir voire le vieillir bien ? S’agit-il de vieillir longtemps ou de vieillir jeune ? Est-ce d’abord d’être en forme, de plaire, de faire jeune ? La première des « recettes » serait de vieillir dans la convivialité, de développer des liens sociaux, de participer à la vie commune, d’être un contemporain du monde… La recette c’est aussi d’éviter une approche infantilisante.
Bien vieillir, c’est la recherche de la meilleure qualité de vie possible. Une qualité de vie qui s’apprécie différemment pour chacun et qui doit correspondre aux attentes et désirs de l’individu prenant de l’âge.

Vous avez dit « on ne vieillit bien qu’avec les autres » (Notre Temps, 3 mai 2022). En quoi les relations sociales jouent-elles un rôle bénéfique dans le vieillissement ?

Je persiste et signe ! Il y a un consensus affirmatif dans la revue de littérature : le bien-vieillir repose sur le triptyque, activité physique adaptée, alimentation équilibrée, lien social. Nous sommes des animaux sociaux, quel que soit notre âge. Nous avançons avec les autres, en altérité. C’est la présence de l’autre qui donne du sens, qui favorise l’envie de bien vieillir.

Les aidants sont un maillon essentiel du bien-vieillir. Comment peut-on les soutenir dans leur tâche parfois très lourde ?

Le premier des soutiens, c’est leur prise en compte, l’écoute. Il s’agit aussi de repérer les aidants qui souvent s’invisibilisent d’eux-mêmes. Ensuite, il y a les aides concrètes, y compris pour les aidants en activité, comme peuvent le faire certaines entreprises. Surtout il faut développer les emplois du care pour qu’il y ait assez de professionnels qui accompagnent les aidés et les aidants.

Dans notre société vieillissante, maintenir l’autonomie des personnes âgées est un véritable enjeu social autant qu’économique. Quels sont les chantiers prioritaires à mettre en place pour y parvenir ?

La prévention, la prévention, la prévention ! Il y a une prise de conscience progressive et encore mal partagée des apports de la prévention. L’activité physique, la nutrition, la stimulation cérébrale, ou encore le recours à certaines médecines complémentaires contribuent à avancer en âge en meilleure forme, physique et psychique, possible. Mais la prévention doit être positive, joyeuse, conviviale… On n’y arrivera pas s’il s’agit toujours d’interdire, de sanctionner, de dire non.