Travailleur indépendant : comprendre et optimiser sa retraite
Les travailleurs non-salariés (TNS) gagnent moins à la retraite que les salariés. Par exemple, un salarié retraité reçoit en moyenne 1530 euros bruts par mois. En revanche, un travailleur non-salarié touche seulement 1150 euros(1). Cette différence s'explique par la variabilité de leurs revenus pendant leur carrière. Il est important de prévoir des dispositifs adaptés pour leur retraite.
Quel est le régime de retraite des TNS ?
Les travailleurs non-salariés (TNS)représentent une population de 4,3 millions de personne en France(2). Ils sont affiliés à la Sécurité sociale des indépendants (SSI, l’ex RSI) pour leur régime de retraite.
A l’image des salariés, ils cotisent à deux types de pension dont les montants varient en fonction de leurs revenus et de leur activité :
- la retraite de base (SSI), dont le mode de calcul est semblable à celui des salariés ;
- la retraite complémentaire des indépendants (RCI), qui repose à l’inverse sur des taux de cotisations et une valeur du point de retraite différents de ceux des salariés et variables selon les statuts.
Une fois à la retraite, les travailleurs indépendants perçoivent de la même manière leur pension de manière mensuelle.
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Qui gère le régime de retraite des travailleurs indépendants ?
Depuis 2020, la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) gère le régime de base des indépendants avec celui des salariés.
Pour la retraite complémentaire, les artisans et les commerçants cotisent au régime complémentaire géré par l'Assurance retraite. Il leur permet de cumuler des points de retraite en fonction des cotisations versées. En revanche, la situation diffère pour les professions libérales (cf. questions suivantes)
Comment sont calculées les cotisations des TNS ?
La base de calcul des cotisations des indépendants est le revenu professionnel pris en compte pour l’impôt sur le revenu. En sont exclus les dividendes, les exonérations fiscales et l'abattement fiscal de 10 %.
Le calcul des cotisations se fait en deux temps :
- en début d’année sur la base des revenus de l’avant-dernière année ;
- en cours d’année, après la déclaration de revenus, sur la base de l’année précédente et en tenant compte de la régularisation des cotisations de cette même année.
L’URSSAF perçoit directement ces cotisations par le biais d’un prélèvement mensuel ou trimestriel.
Quel est le taux de cotisation des travailleurs indépendants ?
En 2024, le taux de cotisation de la retraite de base des indépendants était de :
- 17,75 % pour la part des revenus inférieurs à 46 368 € ;
- 0,60 % pour la part des revenus supérieurs à 46 368 €.
Pour la retraite complémentaire, elle était de :
- 7 % pour la part des revenus inférieurs 40 784 € ;
- 8 % pour la part des revenus compris entre 40 784 € et 185 472 €.
Exemple : Bruno s’est versé une rémunération de 48 360 € en 2024. Sa cotisation retraite prélevée par l’URSSAF pour cette année s’élèvera à 11 680 euros.
Dans le détail :
Cotisations pour la retraite de base : 8 219 euros
Tranche 1 : 46 368 x 17,7 % = 8 207,136 euros
Tranche 2 : (48 360 - 46 368) x 0,6 % =11,952 euros
Cotisations pour la retraite complémentaire : 3 461 euros
Tranche 1 : 40 784 x 7 % = 2 854,88 euros
Tranche 2 : (48 360 - 40 784) x 8 %= 606,08 euros
Les professions libérales bénéficient-elles du même traitement que les autres TNS ?
Pour les professions libérales réglementées (avocat, médecin, expert-comptable, infirmier…), les cotisations sont similaires à celles des autres TNS. Mais les caisses de retraite ne sont pas les mêmes. La CNAVPL gère la retraite de base, et l’une des 10 caisses spécialisées la retraite complémentaire. Par exemple la CARMF pour les médecins.
Pour les professions libérales non réglementées (tous ceux qui n’exercent pas d’activité commerçante, artisanale ou agricole, et qui ne sont pas profession libérale réglementée), les taux de cotisations sont également distincts :
- 0 % pour la part des revenus inférieure à 46 368 €
- 14 % pour la part des revenus comprise entre 46 368 € et 185 472 €.
Comment optimiser sa retraite lorsque l’on est travailleur indépendant ?
Les indépendants perçoivent une retraite souvent moindre que les salariés. On l’explique par différentes raisons. Par exemple la variabilité des revenus. Mais aussi la diversité des situations professionnelles. Ou encore l’absence de mécanismes complémentaires de protection sociale proposés en entreprise.
Le travailleur indépendant doit donc mieux anticiper sa retraite. Et pour cela se tourner vers des dispositifs volontaires lui permettant de percevoir des revenus complémentaires une fois à la retraite.
Souscrire un PER
Le Plan d'épargne retraite (PER) a succédé en 2019 au contrat retraite « Madelin » jusqu’alors commercialisé pour les TNS.
Ce produit d'épargne à long terme est conçu uniquement pour préparer sa retraite. Les sommes versées sont, sauf exception, bloquées jusqu’au moment du départ à la retraite. A ce moment, l’assuré a le choix entre un versement en capital, sous forme de rentes ou en associant les deux.
Son avantage en comparaison de l’assurance-vie est la déduction des cotisations.
Souscrire une assurance vie
A l’inverse du PER, les capitaux versés sont toujours disponibles avec une assurance vie ; ils peuvent donc être libérés avant la retraite, ou après. En contrepartie, les cotisations ne sont pas déductibles.
L’assurance-vie est aussi un outil de transmission. Les capitaux disponibles sur le contrat peuvent, en cas de décès, être reversés à des bénéficiaires avec une exonération de droits de succession.
Pour le reste, le fonctionnement est similaire à celui du PER. L’assuré investit sur son contrat grâce à des versements réguliers ou ponctuels. Ceux-ci sont placés sur des fonds en euros ou en actions, en fonction de l’appétence au risque de l’assuré.
Opter pour une retraite complémentaire de niveau supérieur
Le TNS a la possibilité d’opter pour un niveau supérieur pour sa retraite complémentaire. Il payera plus de cotisations pendant sa période d’activité, mais il s’assurera aussi de meilleurs revenus à la retraite.
Sécuriser sa résidence principale et diversifier ses investissements
Dans un budget, le poste Habitation est central. On recommandera donc d’acheter le plus tôt possible sa résidence principale. Cela permettra au TNS de s’éviter le versement d’un loyer à la retraite, et donc de mieux faire face à la baisse potentielle de ses revenus.
Plus largement, l’investissement immobilier demeure une valeur refuge puisqu’il est moins soumis aux fluctuations des marchés financiers. Disposer de revenus locatifs complémentaires à ceux de sa pension de retraite constitue naturellement un gage de sécurité financière pour les travailleurs non-salariés.
(1) Chiffres SCOR
(2) Les travailleurs indépendants et leur protection sociale en chiffres – CPSTI – 2023