Ce que révèle un simple essoufflement
Il n’existe pas d’essoufflement anodin. Cette sensation d’une respiration inconfortable et difficile est un symptôme si souvent balayé d’une main, avec un fatalisme mis sur le compte de l’âge, du manque d’activité physique ou du tabac. Il mérite pourtant qu’on s’y arrête. Anémie, problèmes d’origine cardiaque ou BPCO : il peut au contraire révéler d’authentiques maladies à ne surtout pas prendre à la légère.
Un symptôme à prendre au sérieux
L’essoufflement - dyspnée en langage médical - au moindre effort et parfois au repos est souvent le signe révélateur d’un problème de santé dont il faut se méfier. Car être essoufflé au moindre effort du quotidien comme monter un étage à pied, courir sur quelques mètres ou porter un sac de courses n’est pas normal.
En cas d’essoufflement, deux réflexes sont à adopter :
- le premier est de se demander : « dans quel état étais-je il y a trois ou six mois ? » ;
- le second est de faire le test dit « des marches » qui repère les personnes incapables de monter trois étages sans pause ni essoufflement important. Il faut impérativement s’inquiéter en cas d’aggravation de l’essoufflement ou d’impossibilité de réaliser ce test.
En France, 14 % des adultes rapporteraient un essoufflement anormal.
Prise de poids et déconditionnement à l’effort
Avec l’avancée en âge, deux écueils guettent la personne qui n’est pas particulièrement sportive :
- tout d'abord la prise de poids, insidieuse et régulière. Outre le poids dû aux kilos supplémentaires, l’apport d’oxygène aux muscles via le débit sanguin doit être plus important. Le cœur bat alors plus vite, d’où l’essoufflement.
- ensuite un déconditionnement à l’effort, c’est à dire le manque d’habitude à bouger : les muscles ne sont pas ou plus habitués à se détendre pour accepter le flux sanguin afin de s’oxygéner. La pression artérielle doit s’élever encore plus haut pour compenser et le cœur s’accélérer pour parvenir à oxygéner suffisamment les muscles au travers d’artères qui, de plus, ne laissent plus correctement passer le flux sanguin.
Selon le Pr Patrick Henry, cardiologue à l’Hôpital Lariboisière (Paris) : « C’est un signe qu’il est temps, après une épreuve d’effort à partir de 50 ans chez l’homme et 60 ans chez la femme, de reprendre une activité physique vigoureuse de 20 minutes sans arrêt, au moins deux fois par semaine ».
L’essoufflement au repos, indice de maladie cardiaque
Un essoufflement sans effort particulier peut faire penser à un problème d’origine cardiaque. Parfois, des palpitations et un écrasement au niveau de la poitrine coexistent.
Plusieurs maladies s’expriment potentiellement sous forme d’un essoufflement, provoqué par l’incapacité d’un ou des ventricules cardiaques à se contracter normalement : infarctus du myocarde passé, maladie cardiaque induisant une dilatation anormale de ce muscle, dysfonctionnement des valves cardiaques, troubles du rythme avec des battements irréguliers (fibrillation auriculaire) ou hypertension artérielle qui gêne le cœur dans son travail. Ces maladies surviennent généralement à partir de l’âge de 50-60 ans, mais certaines anomalies des valves cardiaques et maladies du muscle cardiaque (cardiomyopathies) peuvent survenir dès l’adolescence.
Attention, un essoufflement brutal peut révéler une embolie pulmonaire, même si les symptômes habituels (douleurs aux jambes indiquant une phlébite, malaise) ne sont pas présents et si même si l’essoufflement survient plusieurs jours après un vol long courrier, par exemple. C’est une urgence vitale.
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Une BPCO, un asthme ou une allergie ?
Chez un fumeur ou un ex-fumeur, passé la quarantaine voire avant, il faut impérativement penser à une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) devant un essoufflement et réaliser une mesure du souffle. Les fumeuses seraient encore plus sensibles aux effets néfastes du tabac sur leur fonction respiratoire. Cet essoufflement est trompeur car d’apparition progressive, considéré comme la conséquence inévitable du tabagisme. Et nombreux sont les diagnostics qui ne sont pas posés pour cette raison. Trois millions de Français ont une BPCO ; ils l’ignorent le plus souvent.
Selon le Dr Armine Izadifar, pneumologue (Saint-Denis) : « Outre une BPCO, un asthme doit être évoqué en cas d’essoufflement, plutôt chez une personne entre 15 et 40 ans. D’une manière générale, l’allergie gagne du terrain avec 20 % des Français touchés par la rhinite allergique et 7 à 10 %, soit 5 millions de personnes, par l’asthme. Le plus souvent, l’essoufflement est brutal, nocturne ou au petit matin. Ce peut être aussi un essoufflement à l’effort. Il est souvent déclenché par des facteurs précis : allergie, tabac, pollution, stress, rire, parfums, sport, cycle menstruel... ».
L’essoufflement peut être en rapport avec des maladies plus graves mais aussi plus rares : cancer, fibrose pulmonaire, etc.
L’anémie, cause d’essoufflement
Pâleur anormale, fatigue, vertiges, palpitations, maux de tête, sensations anormales telles des acouphènes ou des mouches devant les yeux accompagnent l’essoufflement en cas d’anémie (manque de globules rouges). L’anémie est une évidence en cas de saignement visible. Mais parfois, la carence en fer, constituant essentiel à la synthèse des globules rouges, est due à des règles abondantes en cas de fibrome utérin, d’ulcères de l’estomac, d’angiomes de la paroi digestive ou de tumeurs bénignes ou malignes de l’intestin voire de maladies de la moelle osseuse ou d’une destruction anormale des globules rouges dans le sang (anémies hémolytiques).
D’après des entretiens avec le Pr Patrick Henry, cardiologue à l’Hôpital Lariboisière (Paris) et le Dr Armine Izadifar, pneumologue (Saint-Denis).